"Bribes"
documentaire de Maria Mickos
Projection : vendredi 3 mai à 19h
Tu sais qu’il est perdu dans ses origines : un père moitié marocain musulman moitié juif tunisien, une mère un quart française un quart juive polonaise, un quart américaine un quart portoricaine. On se trouve par moitiés. On se cherche dans l’histoire brisée de nos pays en guerre, c’est la seule liberté qui nous reste, […] on ne vit pas dans une unique vérité, on est en dehors des statistiques, des prévisions climatiques, des prophéties et des livres saints. On est là à tenter de réparer les blessures qu’on nous a fabriquées, à nous trouver et à nous perdre, à nous regarder pour ne pas nous oublier après, quand la marche de l’histoire reprendra sa route en dévastant nos corps.
Alexandra Badea « Tu marche au bord du monde », Éditions des Équateurs, 2021 Paris
"Bribes"
Inspirée par la théorie de la modernité liquide de Zygmunt Bauman, Maria Mickos tente de trouver l'aspect universel de l'identité de l'homme postmoderne. À travers les histoires d’immigrés et de descendants, elle examine leur rapport aux racines (perdues), aux pays originaires jamais visités, ainsi qu’aux langues qu’ils ne parlent plus, bien qu’elles aient joué un rôle majeur dans leurs familles. Elle s'interroge également sur la manière dont le phénomène de la migration a affecté leur estime de soi, d'abord en tant qu'individus, puis en tant que membres d'une communauté.
Étant donné que Maria Mickos est, elle-même, une immigrée polonaise résidant en France, elle vise à juxtaposer le point de vue des migrants dans ces deux pays. S'appuyant sur ses propres expériences, elle analyse le processus d'assimilation et la suspension entre plusieurs cultures, qui peut conduire à une sorte de décalage identitaire.
Son but, c’est d’aller vers l’autre et d’essayer de se mettre à sa place afin de mieux comprendre ce qu’il vit. Ainsi, elle met l’accent sur le partage des émotions qui montrent justement à quel point nous nous sommes proches les uns des autres.
Malgré nos différences de parcours, d'expériences, de pays d'origine et de pays d'accueil, il est fort probable que nos sentiments soient similaires. L’individu, n’arrivant plus à se définir, continue à chercher sa place et à changer constamment son identité, ce qui entraîne des sentiments d'incompréhension et de désorientation, même dans la société qu'il croit connaître. En outre, il s’agit d’un phénomène global et intergénérationnel, comme Maria Mickos tente de prouver dans son projet.
À propos de Maria Mickos
Maria Mickos, née à Poznan (Pologne), diplômée en littérature polonaise et en langues romanes, est actuellement basée à Paris où elle continue ses études à L'Institut National des Langues et Civilisations Orientales. Depuis longtemps, elle travaille sur la migration et l'identité.
L’art ayant toujours occupé une place importante dans sa vie, elle a collaboré avec plusieurs journaux polonais. Elle a aussi rédigé des critiques de spectacles de théâtre et de danse pour le blog en ligne Théâtre pour Tous. Depuis des années, elle participe à de nombreux concours littéraires. En 2019, elle a publié un recueil de poésie.
Actuellement en Service Civique à l’Espace Canopy, elle est chargée de communication ainsi que de médiation culturelle. Grâce à cet engagement, elle met en place le projet « Bribes » dans lequel elle s'interroge sur la langue et la notion d'aliénation. Elle cherche également à réunir la performance et le journalisme.
