« La série de peintures menée depuis une dizaine d’années fait écho à la métaphore des flots bourbeux de l’existence vers une mer inconnue, l’impermanence, rechercher un passage, l’irréversible dépouillement, choisir les récifs, une transformation pour embarquer vers un autre voyage, un autre soi sans plus d’appartenance, transit chaotique, le péril immanent à la vie, désapprendre, aborder l’eau, prendre le large, les eaux immobiles. Les volutes noires l’obscure en nous, les eaux secrètes, l’inconscient en son infini, des rayons de lumière immense, des couleurs absorbées par le soleil, l’insaisissable prenant toutes les formes, l’illusion du noir, les eaux songeuses, silencieuses, puis les ouragans, l’imprévisible, nos guerres, les eaux troubles, les eaux claires, l’originelle de la peinture peut-être en soi. » (D.B)
Daphné Bitchatch...
..est une peintre éperdue de la peinture à l’huile, à sa lumière, à son étoffe, à son ardeur. Aucune différence entre la peinture figurative et la peinture dite abstraite, pour Daphné Bitchatch. Seule la force des couleurs, l’énergie et le désir transcendés par le geste présent et vif, l’appel de la peinture creusent ses toiles, déchirent le silence du papier. La peinture de Daphné Bitchatch résulte d’une gestuelle et d’impulsions corporelles, ses toiles ou papiers sont peints à terre et directement avec les doigts, sans pinceau. Sa peinture est un cri, révélant des paysages intérieurs qui s’inventent la nuit, elle la jette dans un corps à corps avec la toile, la fige dans l’éclair de l’instant, la laisse advenir dans le surgissement des couleurs. Daphné Bitchatch conduit un travail de création artistique, politique et poétique simultanément au Mali, en France, au Bénin... Une peinture en voyage, à l'écoute du fleuve, du chemin qui chemine, de la vie, des rencontres... Depuis 1987, elle réalise des peintures et installations en Hollande, en Allemagne, au Bénin, en France, en Afrique du Sud, au Mali, en Azerbaïdjan, en Lituanie, en Russie, au Japon, de par "Le tout monde" comme nous l’a dit Edouard Glissant. Jean- Pierre Dhainault écrivait : D.B. dessine sa version du déluge, dans l'espace même d'un temps millénaire qui s'achève et dont l'immémoriale peur diffuse creuse les possibles, à l'approche du basculement des computs, au verso de la page qu'on tourne.