Réfugiés Photographes, c’est d’abord un projet humanitaire et philanthropique, pensé et réalisé par Mathias Monet, photographe et réalisateur de films documentaires. 

En 2019, l’artiste part au sud du Tchad, dans la région du Guéra, où il découvre le village de Niergui où se trouve un camp de 286 réfugiés Peuls ayant fui la guerre en Centrafrique. A l’origine, les Peuls sont un peuple d’environ 35 millions de bergers dispersés dans toute l’Afrique de l’Ouest. Cependant, les Peuls présentés lors de cette exposition ont perdu leurs troupeaux lorsqu’ils ont dû fuir la RCA et sont désormais dépendants de la générosité des villageois proches de leur camp. 

C’est pour pallier cette dépendance que Mathias Monet a lancé le projet “Réfugiés Photographes”, pour permettre aux Peuls qu’il a rencontrés de jouir de meilleures conditions de vie via la construction de 2 bâtiments qui serviront d'écoles mais également d’abris, de lieux de vie et de recueillement. 

Le projet “Réfugiés Photographes” regroupe plus de 150 photographies réalisées entre juillet et septembre 2019. C’est un projet novateur en ce qu’il réside dans la collaboration artistique entre le photographe et les photographiés. En effet, l’artiste ne s’est pas contenté de portrayer les Peuls, il leur a aussi laissé la possibilité de s’exprimer par eux-mêmes, de façon plus intime, en laissant entre leurs mains quelques appareils photos jetables pour qu’ils nous racontent leur quotidien. 

Du 17 au 20 juin, près de 360 personnes ont pu découvrir ces photographies à la galerie Canopy mais elles ont également pu se sensibiliser aux droits humains grâce au stand du groupe Paris-Lafayette d’Amnesty International, en apprendre plus sur les Peuls grâce à la présence du professeur de l’INALCO spécialisé dans les cultures peules, Dougoukolo Alpha Oumar Ba-Konaré et enfin s’émouvoir sur les thèmes des migrations et des exils à travers les lectures proposées par le comédien Madjitoubangar Djarim Bonaventure.

L’exposition a permis de rassembler des personnes d’origines, d’âges et de cultures variés qui ont pu se rencontrer, échanger et partager leurs vécus et leurs expériences. Nous avons mis à disposition des visiteurs une carte pour qu’ils puissent indiquer leur origine et nous avons constaté que celles-ci étaient très diverses, allant du Tchad à la Colombie, en passant par la Tunisie ou le Soudan. Même si le mélange culturel était très présent tout le long de l’exposition, nous avons particulièrement noté deux moments forts de mixité et de partage : la lecture du comédien Madjitoubangar Djarim Bonaventure et le concert improvisé de deux passants, devant la galerie, le samedi. Habitants du quartier, passants, artistes, migrants, personnes âgées, familles, enfants,... tous se sont liés dans l’émulation positive créée par l’exposition. Nous étions ravis de constater que cette exposition a participé à la création d’un dialogue entre le public habituel de la galerie et les migrants.